Le spectacle commence le 31 Juillet 1914, jour de l’assassinat de Jean Jaurès. La guerre éclate 3 jours plus tard… En toile de fond, les luttes de Jean Jaurès, ses engagements courageux, ses discours enflammés, son pacifisme, son admiration pour Victor Hugo, ses indignations devant l’injustice, sa prise de position dans l’Affaire Dreyfus… mais aussi la guerre de 1914-18, l’attente du procès de l’assassin de Jaurès qui interviendra en Mars 1919 et le coup de tonnerre du verdict !…
Ce spectacle s’inscrit dans la trajectoire humaniste, citoyenne et fraternelle de Pierrette Dupoyet
Le Cercle Condorcet, en partenariat avec le Secteur Géographique des Associations Laïques du Roannais est heureux et fier d’avoir pu accueillir la comédienne et artiste Pierrette Dupoyet au Théâtre de Roanne ; elle y a présenté sa création du festival d’Avignon 2013 « Jaurès assassiné deux fois » qui a obtenu un grand succès.
Tentons un résumé de cette pièce à partir du texte de Pierrette Dupoyet.
Scène 1 : « Jaurès assassiné ».
« Décor : en fond de scène une reproduction géante de la première page du journal l’Humanité daté du 1er août 1914, annonçant l’assassinat de Jaurès ».
Louise Jaurès, jouée par Pierrette Dupoyet raconte douloureusement l’assassinat de son mari par Raoul Villain « un illuminé de 28 ans ».
Scène 2 : « Les obsèques ».
C’est le 4 août. « Une foule immense est là, silencieuse ».
Des déclarations d’homme politiques sont citées : Georges Clémenceau, Paul Deschanel, Président de la Chambre, qui a prononcé l’oraison funèbre.
Le cercueil sera transporté de Paris à Albi.
Scène 3 : « la loi des 3 ans ».
Louise Jaurès va devoir ranger tous les écrits de son mari. Elle affirme que Jaurès n’était pas « un adversaire de l’armée, un ennemi de la patrie », il voulait abolir la loi des 3 ans de service militaire pour rendre l’armée « plus humaine » en dénonçant « les fauteurs de guerre ».
Scène 4 : « le courage ».
Louise Jaurès relit des passages du Discours à la Jeunesse prononcé à Albi en 1903 où Jaurès définit le courage en plusieurs sentences dont « le courage c’est choisir un métier et bien le faire ».
Scène 5 : « Parenthèse en pleine nature ».
« Alors quand le monde était trop agité, tu t’éloignais. Tu disais : « Il n’est rien de plus sain pour l’esprit que quelques mois de campagne… » ».
Scène 6 : « L’instruction ».
Louise effectue un retour sur le passé scolaire brillant de Jean, d’abord au Collège de Castres, puis au lycée Louis-le-Grand à Paris, enfin à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm où Jaurès a été reçu premier devant Henri Bergson. Suivent des réflexions sur les bienfaits de l’instruction qui « rend libre ».
Scène 7 : « Grèves ».
Louise Jaurès évoque le soutien qu’a apporté son mari aux luttes ouvrières (mineurs de Carmaux, verriers d’Albi…) tout en s’affirmant contre les violences d’où qu’elles viennent.
Scène 8 : « La laïcité ».
Louise cite son mari :
« Démocratie et laïcité sont indivisibles… C’est sur des bases laïques que la démocratie doit constituer l’éducation… ».
Scène 9 : « Le calme du foyer ».
Trop souvent absent, Jean Jaurès était attendu par Louise et ses enfants heureux de le voir arriver. Louise se sentait bien seule, d’autant que sa belle-mère se montrait blessante à son égard.
Scène 10 : « L’affaire Dreyfus et la création de « l’Humanité ».
Louise parle de « l’intégrité », « la bonté » et « la grandeur » de Jean qui défend Dreyfus injustement condamné.
Il parvient enfin à réaliser son rêve : créer son propre journal qui s’appellera « l’Humanité » dont le premier numéro sortira le 18 avril 1904.
Scène 11 : « Les femmes ».
Louise évoque surtout ses relations familiales avec Jean marquées à cette époque par la domination masculine.
Ils reviennent ensemble pudiquement sur les femmes qu’il a pu connaître avant Louise, conversation faisant suite aux révélations méchantes faites à Louise par la mère de Jean.
Scène 12 : « La Guerre ».
« Trois jours après ton assassinat, la guerre a éclaté ».
Louis, le fils de Jean et de Louise, s’est engagé contre la volonté de sa mère.
Louise évoque des moments passés avec des amies durant lesquels elles lisaient des lettres venues du front.
La scène se conclut par la nouvelle de la mort de Louis, son fils.
Scène 13 : « Les moissons futures … ».
« Il faut continuer sur ce chemin que tu as tracé. D’autres hommes viendront, d’autres moissons fleuriront… ». Ainsi l’œuvre de Jaurès se poursuivra.
Scène 14 : « Le procès de l’assassin ».
« 24 mars 1919 : le procès commence ». Louise décrit les échanges entre le Président du tribunal et Raoul Villain, puis les différents témoignages dont celui de Léon Blum. Suivent les plaidoiries pendant 4 jours.
Verdict : l’assassin est acquitté !… et immédiatement remis en liberté.
« Jean, on vient de t’assassiner une deuxième fois ! » (souligné dans le texte).
Louise déroule la « Une » de l’Humanité du 20 mars 1919, « annonçant l’acquittement de son assassin » puis elle sort lentement.
L’émotion est palpable dans la salle. Le public se lève et applaudit un long moment. Pierrette Dupoyet annonce qu’une fois changée, elle viendra à la rencontre du public dans le Hall du Théâtre. Des petits groupes se succèdent auprès de la comédienne pour parler de sa carrière, de ses œuvres futures, de Jaurès bien sûr. Une des questions a particulièrement porté sur Louise Jaurès : « On connaît historiquement peu de choses de cette femme. Comment a-t-il été possible de la faire vivre sur scène si précisément ? ».
Pierrette Dupoyet répond qu’elle a dû effectivement projeter beaucoup d’elle-même dans ce personnage mais…finalement, n’est-ce pas ça la magie de la création ?
Le Progrès, dimanche 15 juin 2014
Pierrette Dupoyet, une ovation méritée !
C’est un public debout qui a ovationné jeudi soir, au théâtre municipal, la comédienne Pierrette Dupoyet à l’issue de on spectacle « Jaurès assassiné deux fois ».
Des spectateurs qui ne tarissaient pas d’éloges : «exceptionnelle», « remarquable », « quel talent »…
Grâce à Louise, la femme de Jaurès, et au talent de la comédienne, ils venaient de revivre les discours enflammés de ce formidable tribun, ses prises de position courageuses, ses espérances dans le progrès de l’Humanité, le procès tant attendu et, ultime trahison, l’acquittement de son assassin.
Un spectacle aux accents de fraternité où l’on découvre Jaurès au quotidien, père de famille, ami fidèle, amoureux de la terre.
Pour commémorer le centenaire de l’assassinat de Jaurès, le cercle Condorcet et le SGALR (Secteur Géographique des Associations Laïques du Roannais) ne pouvaient faire meilleur choix que ce spectacle.